Un blason très symbolique

Au cœur du département traversé par l’Oise, aux confins de l’Ile de France et de la Picardie, le village d’Ercuis doit son nom au chêne : « Erk » en gaulois.

La culture du blé y a longtemps prédominé et le village reste attaché à la ruralité. On retrouve la vigne dans son patrimoine : symboles dans l’église, sente du vignoble …

Sa « pantographie voltaïque », aujourd’hui « orfèvrerie » a contribué à sa renommée, tout comme l’activité de passementerie, symbolisée par le ruban qui entoure son blason.

Un passé florissant

Tour à tour Erques, Erquetum ou Arcuis, notre village qui s’étend du Nord au Sud sur le plateau du Thelle possède une riche histoire, comme un grand nombre de cités gauloises occupées par les Romains.

Suger, futur ministre des Rois Louis VI et Louis VII, y serait né en 1081. Mais c’est Guillaume d’Ercuis, précepteur de Philippe le Bel, qui donnera au village ses lettres de noblesse. C’est lui qui fit construire en 1292 une chapelle dédiée à la Vierge, pour laquelle il obtint du roi le titre de Chapelle Royale et dont il fera don à l’Abbaye de Ste Geneviève à Paris. Par la suite embellie, l’église d’Ercuis, sous le vocable de Saint-Nicolas, se distingue par ses ornements des monuments religieux alentour.

Sous le règne de Louis XIV, des habitants de Liège s’installent à Ercuis et y implantent l’industrie du poil de chèvre, règlementée par un arrêt du 7 mars 1741. La fabrication de boutons, le retordage du poil de chèvre et de la laine (à partir de 1770), la confection de tresses, jarretières, cordons, ganses et l’industrie de la soie seront longtemps fructueuses sur le plan commercial.

Ancré dans la modernité

En 1794, un poste de télégraphe aérien (système Chappe) a été installé au sommet du clocher de l’Eglise. Ce système sera abandonné peu à peu à partir de 1845 avec l’implantation des lignes de télégraphe électrique.

Mais elle aura permis en particulier d’installer des illuminations superbes pour l’époque, lors d’une grandiose fête pour la bénédiction des nouvelles cloches de l’Eglise !

Un curé emblématique

En 1834, un violent incendie dévaste le village et lorsque l’Abbé Adrien Céleste Pillon est nommé curé d’Ercuis le 15 Septembre 1837, il trouve un village en ruines. Il exhorte alors les habitants à le relever, il construit l’usine de « Pantographie Voltaïque », les logements de la Cité, le Château et une école rue du Préau.

On lui doit aussi le Calvaire sur la route allant à Crouy et l’embellissement de l’Eglise, en particulier de magnifiques vitraux de grande valeur historique. C’est encore Mgr Pillon qui s’est impliqué dans la création de la ligne de chemin de fer Hermes-Beaumont en accord avec la Compagnie des chemins de fer du Nord, ligne exploitée jusqu’en 1952. Son tracé offre de nos jours un beau circuit de randonnée.

Une renommée mondiale

Aujourd’hui, Ercuis reste un petit village de l’Oise connu dans le monde entier pour son orfèvrerie de table et de couverts en argent et métal argenté. Dès sa création l’entreprise « d’orfèvrerie artistique décorée d’émaux en relief, argentés et dorés par l’application de la pile Volta », porte déjà le nom d’«Ercuis ». L’entreprise trouve vite son essor en se tournant vers les arts de la table et ouvre bientôt des magasins à Paris, en province et à l’étranger.

Elle participe aux grandes Expositions Universelles de 1889 et 1900, acquiert une riche clientèle en se positionnant comme un des premiers fournisseurs de l’hôtellerie. De grande notoriété, elle équipe notamment les paquebots « Ile de France », « Normandie » et « Ville d’Alger » de 1922 à 1937. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’usine se modernise et sa création devient plus contemporaine.

Après le lancement du France en 1962 auquel Ercuis fournit l’orfèvrerie de table et l’équipement des lignes de l’Orient Express, l’entreprise s’impose dans le monde du luxe et entre au Comité Colbert des Arts de la Table. Depuis 1966, l’orfèvrerie possède une boutique Galerie Royale à Paris. Bien que le marché soit devenu difficile gageons que le poinçon à l’effigie du Centaure continuera à faire du nom « Ercuis » un synonyme de savoir-faire traditionnel et de qualité.